Pourquoi écrire un blog?

13 août 2020

(traduit de l’anglais by Jean-Christophe Debauge) 

Ce n'est pas une mince affaire pour moi de me lancer dans la rédaction d'un blog. Je peux imaginer que je ne suis pas la seule à avoir eu le désir d'écrire, de faire entendre ma voix, de faire l’expérience de me perdre dans un flux de pensées et d'images. Pourtant, pour une raison ou une autre, j'ai laissé ce projet en suspend pendant des années. 

Récemment, j'ai participé à une retraite d'écriture avec mes amies et voisines depuis quelques mois, Miki Kashtan et Emma Quayle. Miki est une écrivaine accomplie et prolifique. Les mots et les idées jaillissent d'elle sans effort. Son problème est plutôt de trouver du temps dans sa vie très remplie pour faire ce qu'elle aime faire : enseigner, lire et écrire. Emma est plus débutante dans sa pratique mais écrit magnifiquement. 

Bien que je sois affaiblie par des  douleurs chroniques, et me sentant fragile à l'idée d'affronter mon blocage à écrire, ce fut un vrai cadeau d'être entouré de leur amitié pour enfin franchir le pas. 

Alors que je réfléchis à l'angoisse que je ressens, depuis des années, à ne pas réussir à dépasser le doute, cette résistance, malgré un désir fort de gagner en visibilité, ma poitrine se serre. Je pense, quel gâchis ! Ou plus tendrement peut-être, quelle perte, tant pour moi que pour les autres. Pourtant, lorsque j'essaie d’approcher ce qui a pu gêner, et de le faire avec le plus de douceur possible pour tout ce que j'essayais de protéger en moi, ma perception reste confuse. Il ne fait aucun doute que des croyances profondément intériorisées se cachent quelque part et que, par ailleurs, mon esprit a excellé dans la création de récits convaincants. Je ne suis pas certaine cependant que les faire apparaître et les étudier serait particulièrement fructueux, du moins pas dans ce blog. 

Je vis avec un auteur accompli et publié. Quand il était petit, sa mère l'encourageait à écrire des histoires et le récompensait de cinq shillings chaque fois qu'une nouvelle apparaissait. Il a toujours le cahier où il les écrivait. Ils ont de doux titres: « The Three Friends » (les trois amis), « Witch Witch Wimble » (Quelle Sorcière Wimble ), « Cuddly Bear and the Smugglers » (L’Ours Affectueux et les Contrebandiers). Aujourd'hui, il est capable d'évoquer des souvenirs  qui ont façonné sa riche enfance sur l'île de Lewis dans les années 60 et 70. À cette époque, les gens vivaient encore avec un profond lien avec la terre, les uns avec les autres et leur foi religieuse. L'écriture d'Alastair est parsemée d'histoires qui illustrent magnifiquement les thèmes apparaissant, tout au long de sa vie, autour de son « activisme spirituel ». 

Je me demande : que ce serait-il passé si j'avais été un garçon (dont l'expérience aurait peut-être plus compté que celle d'une fille), si un adulte m'avait encouragé à écrire des histoires pendant mon enfance et adolescence - ou en tout cas aidé a me connecter plus intimement avec mes expériences – et si au lieu de grandir dans une famille expatriée en Afrique, j'avais été ancré dans une communauté riche en traditions, habitée par un héritage de savoirs transmis de générations en générations, avec un rapport étroit avec la terre ? 

Se pourrait-il que le terrain difficile de l'écriture ait des résonances avec notre situation collective moderne ? Je ne serais pas surpris de trouver, peut-être dans la littérature écoféministe, qu'il existe des liens entre la créativité, l'émergence de la voix, la relation avec la nature et l'appartenance à une communauté humaine saine. Je suppose qu'il est également vrai que beaucoup de gens entrent dans l'aventure de l’écriture, en s’appuyant sur des fondations très différentes.

 

Où que réside mon blocage, et qu’elle que soit ma trajectoire personnelle, je sais que l'enjeu dépasse mon histoire personnelle. De par mes lectures féministes et ma propre expérience de femme, je sais que sortir de l'invisibilité est un acte politique, et il pourrait également être profondément thérapeutique.

En fait, c'est mon parcours de vie, rendu de plus en plus difficile par mes douleurs chroniques, au cours des dernières années, qui m'a poussé à me pencher sur mes peurs et m’a finalement décidé d'essayer l’écriture. Ce que j'ai compris, de mes recherches dans ce domaine complexe et relativement récent de la santé, c'est que ce qui se passe dans nos vies (passées et présentes, ainsi qu'intérieurement et extérieurement à soi) a une profonde influence sur la création des conditions de bien-être ou de mal-être. J'ai réalisé que pour aider mon système nerveux à mieux analyser l'information qui vient de mon corps et de mon environnement, il est essentiel que je travaille sur les domaines de ma vie qui créent un stress émotionnel et des tensions physiques. Parallèlement, transformer des schémas de pensée et de comportement inadaptés, créent également un environnement intérieur plus paisible et détendu. L'un de ces schémas, je pense, est le conflit intérieur que j'ai eu à propos de l'écriture.

Alors pourquoi écrire un blog ? Sans aucun doute, si affiner mes compétences en rédaction grâce à des articles de blog réguliers pouvait m'aider à libérer ma voix, à rendre ma contribution au monde plus visible et à me donner les moyens de m'engager dans la voie à laquelle j'aspire, ce serait une énorme réussite. Si cela pouvait en plus d'une manière ou d'une autre contribuer à mon rétablissement, à éloigner la douleur, ce serait un incroyable cadeau. Par-dessus tout, cependant, j'aimerais que cette pratique soit une source de joie, de curiosité, d'apprentissage et de connexion avec des artisants de paix. 

Maintenant que cette première étape est franchie, mon défi sera de continuer. Il me ferait grand plaisir que vous me disiez si vous pensez que mon écriture pourrait être un cadeau pour vous et les autres. Voici quelques sujets que j'ai en tête. Ils sont tous liés à mon propre cheminement vers la libération (à la fois personnelle et collective).

-          Pourquoi se concentrer sur la « libération » ?

-          Se défaire du « tabou de la tendresse » – un impératif pour réhumaniser le monde

-          Relever le défi d’une authentique santé, pour cheminer vers la libération personnelle

-          Parvenir à évoluer dans la solitude, inhérente à notre monde moderne

Si l'un de ces thèmes vous intéresse, veuillez laisser un commentaire ci-dessous ou envoyez-moi un message par mail.